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17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 09:17
16 MAI 2020 - BILLET DE Mgr PODVIN : " JE CHERCHE LE VISAGE "
Monseigneur Bernard PODVIN est né à Villeneuve sur Lot. Il fut, par ailleurs, porte-parole de la Conférence des Évêques de France (CEF) de 2009 à 2014; il fait partie aujourd’hui du diocèse de Lille.

 

Mise en ligne 16/05/2020

 

JE CHERCHE LE VISAGE

 

J’avais conservé, par devers moi, le témoignage de ce conducteur de train en 2014. Traumatisé par ce que l’on appelle pudiquement les « accidents sur la voie », il racontait : « A cent vingt à l’heure, il  faut près de sept-cents mètres pour, enfin, s’arrêter. Dix secondes environ. Dix secondes interminables « . Il me semble  trouver quelques similitudes entre ce témoignage et notre déconfinement.
Nous sommes déconfinés. Nous avons « repris », dans toute l’acception du terme. Nous ressentons un formidable désir de développement, tandis que nous hante de devoir reconfiner. Aspirant rattraper le temps et l’activité perdus, nous devons nous garder de tout gâcher dans la précipitation.
A l’inverse, apeurés par le danger, nous pourrions ne plus rien oser. La métaphore du train est évocatrice.

 

Risquons, comme chaque samedi, de partager quelques points, sans prétention :

 

1. Nous serons encore longtemps balbutiants et apprentis du vivre ensemble que requiert la situation  nouvelle. Les autorités franciliennes, par exemple, disent que la distanciation est, pour le moment, assez bien vécue dans les lieux publics. C’est tant mieux. Mais nous ne serions qu’à 20% du potentiel de fréquentation ? Où sont donc les autres 80%. Où sont les gens tout simplement ?

 

2. Ne soyons pas idylliques concernant l’humanité : le politologue Dominique Reynié discerne une agressivité croissante entre Etats ; agressivité accentuée du fait que tous ont été fragilisés à un degré ou un autre. Ils ne se feront pas de cadeaux. L’amitié entre les peuples transcendera-t-elle ces durcissements entre des « Nations si peu Unies »?

 

3. Ne soyons pas « catastrophistes en chambre » mais réactifs et déterminés dans des actions précises ;  livrons, par exemple, le combat contre la faim dans le monde, faim accrue par les déficiences en approvisionnement et les fermetures des frontières. N’attendons pas pour agir face à ces urgences. « Nombreux sont ceux qui rêvent à des choses presqu’impossibles, dit Saint Pierre Favre, et qui ne se soucient pas de l’ouvrage de leurs mains ». Saluons ici à nouveau celles et ceux qui furent réactifs dans le pic de la crise sanitaire. Qu’une comparable mobilisation puisse aussi irriguer la juste répartition des moyens de vivre !

 

4. Intégrons bien que nous aurons à « vivre avec » la prégnance virale plus ou moins récurrente. Est-il une période de l’histoire où les hommes n’ont pas eu à éprouver leur capacité de résilience envers quelque danger que ce soit ? Si les siècles pouvaient parler ! Anne Dufourmantelle est ici à entendre dans son « éloge du risque ». Le caractère ravageur du coronavirus n’est surtout pas à minimiser. Mais la réponse mentale collective aux dangers n’est jamais, dit cette auteure, « dans le lisse ou l’aseptisé « . La force des fragiles réside dans leur audace confiante et digne. Consentir à être fragiles ne signifie pas devenir démissionnaires devant l’adversité.

 

5. Concernant ce que l’on appelle trop communément « le culte », de nombreux catholiques demeureront meurtris et dans l’incompréhension douloureuse. En quoi est-il plus dangereux de célébrer, (moyennant toutes prescriptions sanitaires), que de soupeser la botte de radis touchée par un autre client dans la supérette, ou de « humer » les gouttelettes et aérosols des voyageurs en métro ? Hélas, les vraies questions n’ont pas été posées : oui ou non, avons-nous faim du Christ ? Oui ou non, considérons-nous vital, pour la foi, d’être vivifiée par la communauté ? Oui ou non, les religions exercent-elles ce que Mgr Defois appelle une « fonction sociale »? C’est-à-dire, non reléguées au pur statut privé mais contributrices au bien commun ? Il y a un au-delà des polémiques à vivre afin de se convertir à la vraie mesure de ce que le Christ attend de nous. Paul VI insistait : « L’Eglise fait-elle preuve de solidarité avec les hommes et témoigne-t-elle, en même temps, de l’absolu de Dieu ? »

 

6. Un ami me dit avec humour : « Chacun, par son baptême, est prêtre, prophète et roi ? Aujourd’hui, les prêtres sont les médecins, les prophètes sont les artistes, les rois sont les politiques ». A-t-il tort ou raison sur cette trilogie ? On voit bien ce que recèle sa boutade : qui joue aujourd’hui les rôles primordiaux ? A lui seul, nul ne connait le tout de l’homme.  Désormais, les économistes et psychiatres côtoient les virologues dans les débats. Une société ébranlée comme la nôtre, doit largement ouvrir sa consultation aux sagesses, aux compétences, aux savoir-faire et savoir-être. On déplorera qu’historiens, philosophes et spirituels  soient si peu sollicités, hormis en quelques cercles spécialisés. Le double service métaphysique et diaconal que l’Eglise incarne est trop méconnu par la grande opinion publique.

 

7. « Et moi dans tout ça? » se demande chacun. Personne ne sort indemne de ces semaines. On se sent à la fois si indispensable et démuni. D’autant que nous sommes construits et situés diversement par la destinée. D’autant que nous ne savons présager ce que seront nos capacités d’encaisse par la suite. Rares sont les tremblements de terre sans répliques sismiques. Nous devons nous entraider à forger en nous, un caractère tissé de conviction et de détachement, d’abnégation et d’humour.
Le prophète Michée (Michée 6,8) ne nous laisse pas sans « feuille de route ». Voulons-nous discerner ce que Dieu réclame de nous ? « Rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu ».

 

8. L’académie française demande que l’on ne dise plus distanciation « sociale » mais « physique ». Ce n’est pas du pédantisme sémantique. C’est cohérent. Se mettre à distance préservatrice, oui ! Mais pas pour distancier autrui socialement !

 

9. Et voici le numéro neuf qui voudrait unifier tous les autres, tant il est … neuf ! Le déconfinement a donné la joie de se revoir ! Ce moment qui n’a pas de prix. Toi qu’on saluait par Zoom. Toi, dans ce parloir sanctuarisé d’Ehpad. Toi sur le quai de gare, te profilant derrière toute la signalétique sanitaire. « Les gens stockent moins. Je les revois plus souvent » dit cette boulangère. Coiffer quelqu’un de masqué, quelle frustration pour concevoir le tout ! » soupire ce visagiste tout heureux cependant de « renouer » de « dérouiller » ses mains. « On a simplement repris contact » avoue ce tennisman, conscient qu’il eût été inconscient de vouloir crâner sur des potentialités perdues et à retrouver. La vie qui allait. La vie qui va. La vie qui ira. Un temps pascal fait de passages (« Georges est parti en avril. On n’a pas osé vous déranger ») Une Pâque vers Pentecôte qui ne ressemble à aucune autre. « J’ai 95 ans. C’est la première fois de ma vie qu’on m’interdisait de sortir. J’ai bravé plein de dangers et j’ai toujours décidé jusqu’ici, d’aller et venir où je voulais». Une vie fauchée injustement que l’on confie à Celui qui est la Vie. Une vie surabondante derrière les masques que percent littéralement de si ardents sourires. « Je cherche le visage » a composé Odette, d’un nom sonnant bien nos « confins » : Vercruysse ! Ne chantait-elle pas un au-delà des cent kilomètres réglementaires ? Visage trop souvent banalisé. Visage tant cherché quand … le Covid prétend le ravir. Toi Christ en eux, eux en toi. Visages recueillis dans notre cœur avec Teilhard. « Je placerai sur  ma patène, O mon Dieu, cette multitude dont je veux que mon être résonne à son murmure profond ».

 

Cette newsletter hebdomadaire est saluée par nombre d’entre vous. Merci à tous de vivre ce rendez-vous de fraternité. Pardon d’être parfois trop long. Mounier avait raison de dire : « On écrit beaucoup de phrases médiocres sur les événements. Alors que tout se passe en dessous des événements ».
Cet « en dessous » de ce que nous vivons est encore à scruter et comprendre. Puisse le Ressuscité, s’il doit, en son Ascension, disparaître à notre regard, devenir encore plus présent à notre aujourd’hui. À samedi.

 

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde

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11 mai 2020 1 11 /05 /mai /2020 15:10
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10 mai 2020 7 10 /05 /mai /2020 07:37
9 MAI 2020 - BILLET DE Mgr PODVIN : " APPELÉS PAR L'AMOUR À LE SUIVRE "
Monseigneur Bernard PODVIN est né à Villeneuve sur Lot. Il fut, par ailleurs, porte-parole de la Conférence des Évêques de France (CEF) de 2009 à 2014; il fait partie aujourd’hui du diocèse de Lille.

 

Mise en ligne 09/05/2020

 

 

     Nous étions en pleine rentrée scolaire, professionnelle et pastorale 2012. La mondialisation semblait le critère  inéluctable de toute réflexion et de toute action. Nous passions nos vies à courir, sans toujours savoir pourquoi courir, qui et quoi rattraper. Le low-cost imposait de nous tasser comme sardines dans métros, trains et avions. Tout était à l’aune d’une promiscuité souhaitée ou subie. Les  gens se faisaient la bise, et s’entassaient  dans les habitacles, les stades, les festivals.

 

     Un livre venait de décrocher les prix Fnac et Fémina. « Peste et choléra » de Patrick Deville. Roman biographique relatant le combat d’Alexandre Yersin, découvreur en 1894 du bacille de la peste. Remarquablement écrit. N’ayant pas échappé à la sagacité de mon confrère d’école Bernard Lehut. Plume si profonde et si fine. Mais, nous courions… La peste et le choléra étaient un sujet désuet et pathétique pour fresque historique et littéraire. Tellement absent de nos écrans radars. « Des événements qu’on croyait oubliés sous la poussière des siècles agissent d’un coup sur le présent et bouleversent l’avenir » avertissait Deville.

     Son écriture relata la peste, « hécatombe qu’aucune guerre n’avait encore jamais causée, rapportée à la démographie ». Le combat de Pasteur et Yersin était ainsi croqué : « On déroule souvent l’histoire des sciences comme un boulevard qui mènerait droit de l’ignorance à la vérité. Mais c’est faux. C’est un lacis de voies sans issues où la pensée se fourvoie et s’empêtre. » Avant que jaillisse la découverte salvatrice du bacille et sa reconnaissance, Deville décrivait « toute la compilation » des tentatives faites d’échecs et de joies. Une expression de Deville avait été si peu surlignée et likée par les lecteurs ou réseaux : « L’ampleur du fléau est métaphysique ».

 

     Mais, nous courions… « La vie des peuples comme celle des hommes n’est pas chronologique. Ils passent du demi sommeil où ils se voient fougueux, s’attristant de se découvrir tout autres à leur réveil ». Nous courions et ne pouvions comprendre ces mots si étranges, pourtant déjà si prophétiques.

 

Oh, certes nous nous garderons de confondre peste et Covid.

 

     Oh, certes nous n’irons pas tirer des fils anachroniques et sentencieux d’un prix littéraire pour sermonner notre aujourd’hui. « Le croyant, conseille le Pape François ne doit pas regarder le monde de l’extérieur, mais de l’intérieur ». Nous sommes tous tellement petits devant ce que le Covid a généré en quelques semaines comme défis planétaires et locaux.

 

     Patrick Deville pourtant, nous laisse deux pépites pour déconfiner. Pépites que la spiritualité du Pape, non seulement ne saurait démentir, mais viendra étayer. La progressivité que requiert la prudence sanitaire du déconfinement ressemble aux lacis dont parlait si bien Deville. Les lacis de l’humble retour vers les autres. Les chemins de traverse qu’on emprunte pour ré-apprivoiser ce qui peut tisser un autre vivre ensemble. Les lacis d’un apprentissage laborieux qui décevra certains jours, irritera souvent notre impatience, éveillera de temps en temps des idées neuves ou comblera la joie de nous retrouver. Les lacis qui nous rendent si interdépendants les uns des autres.

 

     Ma nièce, vivant en Italie, m’écrit l’humilité des lacis : « Après un confinement si strict il y a peu, nous sommes si heureux de pouvoir reprendre un semblant de normalité ». Souvenons-nous de ce retour vers « le monde d’après » par les lacis de ce que nous ne savons pas encore. N’ayons pas l’arrogance de déconfiner par l’autoroute des certitudes toutes faites et les empressements fracassants. Nous irions nous jeter tout droit sur la glissière de l’orgueil et du fatal. Les lacis de la fraternité qui cherche tant qu’elle n’a pas trouvé, ont cette ingratitude qui construit le vrai et le durable.

 

     Seconde pépite de Deville : l’ampleur métaphysique ! Recueillons-la précieusement. Si nous saccageons cette intuition, nous nous ferons terriblement mal. Plus mal encore que dans le monde d’avant. La crise du Covid est en effet de cette amplitude. Comprenons-nous bien : les intendants du déconfinement ont cent mille chats à fouetter. Leur tâche est à la fois subtile et titanesque. L’urgence est faite de précautions sanitaires, pragmatiques, organisationnelles. Nul ne démentira ce défi considérable. Nul n’enviera occuper ces postes de gouvernance vitaux et exposés. Un déconfinement se décline et se conçoit dans une méthodologie qui doit se respecter en vue du bien commun. Hommage soit rendu à ces artisans du détail qui protège et qui sauve. Hommage soit rendu à celles et ceux qui se coltinent le concret de concret dans ces labyrinthes fastidieux.  Mais au-delà de ces repères et directives, au-delà de ces semaines probatoires du déconfinement, ne pourra être enterrée et éludée l’ampleur métaphysique de ce que nous vivons. Sinon, nous régresserons lamentablement vers le « monde d’avant-hier » empiré par l’amertume épuisée des illusions du « monde d’après ». Ampleur métaphysique ! Sinon nous verserons à nouveau dans les querelles partisanes et idéologiques n’écharpant que notre ego.

 

     Allons plus loin. Relions les deux intuitions. Pas de lacis sans l’ampleur métaphysique.
Pas d‘ampleur métaphysique sans l’abnégation des lacis. Ainsi se réconcilieront  en nous le respect du prochain et une vision de l’avenir qui ne soit pas technocratique. Ainsi se tisseront davantage ce que l’avant Covid avait « détissé »: l’attention à la personne et l’inhumaine globalisation. Si nous avons retenu quelque chose de la crise, ce sera de considérer  le frère malade, âgé, soignant, caissier, pompier, éboueur, dans un  « autrement », gravant  en nos cœurs leur indépassable valeur transcendantale. Pour ceux qui sont habités par la foi : Dieu en l’homme et l’homme en Dieu.

 

Permettez  ces quelques « cailloux blancs » accompagnant le déconfinement. Ils n’osent se substituer aux multiples repères de distanciation collés sur toutes les vitres et sols de nos espaces publics. Ils sont là sans prétention. Pour emprunter les lacis d’une  fraternité plus intense.

 

1) Premièrement, gardons-nous de confondre le conjoncturel et le structurel. Les économistes prédisent : la reprise va se faire, car nous n’étions pas en crise structurelle. Nous avions simplement arrêté la machine. En soi leur argument est fondé et n’est pas sans noblesse. Un moteur temporairement  à l’arrêt peut été réactivé. Une économie active est salvatrice de vies dès lors qu’elle permet aussi de nourrir et de protéger. Il faut pouvoir mettre dans la marmite plus que le bois la chauffant en vain par le dessous.  Nul ne niera donc à quel point « reprendre » est essentiel. Attention cependant à ce que tout ne se focalise pas sur la course effrénée  aux points de  PIB pour eux-mêmes. Attention à la fragile  employabilité de beaucoup et la précarité d’un si grand nombre. Attention à ne pas absolutiser à nouveau l’image de l’humain dans sa performance productiviste. Le deuil de ce qui n’a pu être produit  durant l’épreuve du confinement, doit enseigner à l’homme ce qu’est la valeur effective du travail.

 

2) N’ayons pas honte d’avoir parfois peur de déconfiner. Mais assumons ces peurs ensemble. Churchill notait que la grandeur de l’homme est de comprendre qu’il marche entre deux précipices. Celui de l’excessive prudence et celui de l’excessive audace. Ayons conscience de  cette ligne de crête. Là est notre défi et notre grandeur d’après Covid. Certaines peurs sont légitimes. D’autres deviennent  mauvaises conseillères. Certaines audaces sont irresponsables. D’autres sont créatrices de vie. Il n’est pas anodin que les Frangines cartonnent par leur chant : « Ensemble ». Merci à elles de mettre sur nos lèvres un si simple phrasé qui peut se fredonner seul pour tous, et tous unis à chacun. Au-delà de leur dimension psychologique, nos peurs ont aussi à s’offrir spirituellement. Elisabeth de la Trinité ouvre  cette voie toute humble : « Sois là, mon Jésus, soutiens moi. Façonne mon cœur pour qu’il puisse être ta demeure. Tu me montres les épines que je rencontrerai. Nous les traverserons ensemble. À ta suite, avec toi, je serai forte ».  Les peurs ne se surmontent donc pas sans être une pâque. Un être avec Celui de qui tout se reçoit. Un être ensemble, émetteur et réceptif  de la lutte partagée.

 

) Regardons l’enfant ouvrir aux générations le chemin du déconfinement. Cette  symbolique est belle !  Au-delà des débats sanitaires quant à jauger si l’enfant est plus ou moins immunisé ou  vulnérable au Covid, (débats que notre incompétence est incapable de trancher), écoutons l’enfant qui sait déjà tant de choses !  Ayons l’humilité d’être introduits par lui, à ce monde d’après. Ne gâchons pas à l’enfant sa nécessaire socialisation quand les centres sociaux du Nord nous alertent, par exemple, sur un décrochage scolaire de 20% suite au Covid. N’ayons ni l’inconscience d’envoyer les enfants aux dangers qu’adultes nous n’oserions affronter,  ni l’indécence de surprotéger l’enfance de nos propres  peurs d’adultes infantilisants. Entendons le Pape dans son encyclique Laudato Si pour une intégrale écologie : « Quel genre de monde voulons-nous laisser aux enfants qui grandissent ?
Cette question ne concerne pas que l’environnement. On ne peut la poser de manière fragmentaire. Elle interroge l’orientation générale de la vie, son sens et ses valeurs. Pour quoi passons-nous en ce monde ? Pour quoi venons-nous à cette vie ? Pour quoi travaillons nous et luttons nous ? Il ne suffit plus de dire que nous devons nous préoccuper des générations futures. Il nous est nécessaire de réaliser ce qui est en jeu. Notre propre dignité ». Merci à tous ceux qui, dans l’acte éducatif le plus quotidien,  donnent  incarnation à cet enjeu dans ces semaines  peu ordinaires.

 

4) Ne laissons pas le Covid régenter notre esprit et notre âme. Évidemment, ce virus est loin d’être médicalement vaincu et rien de la lutte ne doit nous indifférer ou nous démobiliser. Nous avons également  conscience que les chercheurs découvrent quasiment tous les jours des champs nouveaux de cette redoutable infection. Elle n’a pas fini de nuire et de muter. Mais il n’est pas contradictoire de plaider que nous décentrions nos affects de ce sujet. On peut être pleinement d’une cause et apprendre à resituer cette cause dans un ensemble plus vaste. Il y a ici une lutte mentale et spirituelle à livrer. Tout objet de fascination est à la fois attractif et révulsif. Nous avons le Covid en horreur mais nous ne pensons qu’à lui. La vraie force consiste à ne rien lui concéder sans en faire le cœur de tout. Au-delà de sa dimension purement virale, l’enjeu est celui d’une maîtrise par l’homme de lui-même. Il serait plus « viral » encore d’avoir le cœur prisonnier de la représentation mentale d’une infection. D’immenses questions sont en effet en attente : environnementales, bioéthiques, sécuritaires, éducatives, sociales, pastorales. Leur énumération impressionne. Le Covid, certes détermine désormais notre manière d’appréhender le monde, mais ne doit pas devenir prisme exclusif de sa lecture. Merci aux accompagnateurs psychologiques et spirituels qui aident à construire un « vivre avec le Covid » et non un « ne songer qu’au Covid ».

 

5) Notre mission est d’être une Eglise présente dans le combat de ces tranchées inédites,  comme ellele fut en d’autres temps. J’ai bien conscience que l’image de la première guerre mondiale se virtualise très vite, dès lors que la guerre contre le Covid n’est pas une guerre classique. Il faut pourtant se garder de désincarner le propos. Quand le Covid attaque quelqu’un, plus rien n’est virtuel. Ce n’est pas faire du lyrisme suranné  que d’entendre les corps abîmés par le Covid. Les récits de ceux qui reviennent guéris de réanimation en disent long.  Il faut  remercier tous les acteurs d’Eglise qui incarnent, depuis le début du confinement,  la proximité immédiate aux gens affectés à un titre ou un autre par l’épreuve du Covid. Oui, merci à eux pour ces visites, ces accompagnements, ces célébrations, ces soutiens divers, cette communion des saints. Chacun sait bien que ce n’est pas parce que l’on déconfine que le combat s’interrompt. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas charnellement dans des tranchées, que le compagnonnage, auquel le Christ appelle  avec l’humain est moins tangible. Je pense par exemple à notre frère prêtre ambulancier, aux chers diacres soignants, aux laïcs visiteurs d’hôpitaux et de prisons, aux consacrés et  éducateurs, aux écoutants, aux équipes du deuil, aux curés et catéchistes, aux équipes d’animation pastorale, aux mouvements et services, et à tant d’autres dont Edith Stein dit si bien : « Aucun livre d’histoire ne fera mention d’eux. Mais quand tout ce qui est caché sera manifesté, nous découvrirons à quelles âmes nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle ».

 

6) Prenons le temps de discerner ce qui advient de l’homme par ces traversées inattendues. Ici l’on entend la terrible réalité de violences intra familiales ayant crû de trente pour cent durant le confinement. Là, on s’émerveille devant l’ONG « Aviations sans frontières » qui a soulagé les équipes soignantes par transferts aériens en un ciel complètement vide. Tant d’exemples révélant le clair-obscur des comportements horribles comme admirables   en temps de crise. Décryptons le devenir de ces « terriens » dont nous sommes. Le commissaire européen Thierry Breton voit se dessiner une moindre attirance de nos activités vers la globalisation et une montée de nos résiliences locales. Passerions-nous d’un monde trop ouvert à un monde trop clos ? Son argument est intéressant à entendre : un pays plus affecté par le Covid ne démérite pas pour autant de la solidarité européenne surtout s’il investit, par exemple,  beaucoup par ailleurs dans la protection militaire du continent dont tous bénéficient. En ce 9 Mai, jour où ce billet est rédigé, comment ne pas prier pour qu’une voie européenne se retrouve de façon équitable, profonde et  neuve comme résultante de cette épreuve?  Saints et saintes de notre Europe priez pour nous !

 

7) La confiance sera motrice du déconfinement. Pour bien connaitre le méthodique travail de Jérôme Fourquet à l’IFOP, je puis dire que la confiance est à la fois un indicateur plein d’aléas, tout en étant bien plus qu’un indice d’opinion. Elle est  la traduction transversale de ce que nous avons dans le ventre, dans le mental et dans l’esprit. « Seul celui qui a confiance en lui peut entraîner les autres » pensait Horace. La remarque vaut évidemment pour des décideurs envers leurs administrés. Elle vaut surtout pour chacun. Nul n’impulse un mouvement si ne l’anime une confiance en sa propre capacité d’y participer. Le succès d’un déconfinement est donc dans la propagation d’une confiance. L’ennemi viral ne se voit pas. La certitude de sa présence nous révolte d’autant plus que sa nocivité ne se perçoit que dans sa morbidité.  La confiance aveugle n’a pas davantage de sens. Les médecins n’ont cessé de nous dire : « Restez chez vous. C’est le meilleur remède contre l’invisible qui n’est pas encore vaincu ». Si l’ennemi ne se rend visible que quand il nuit, la confiance, elle, doit être palpable, même si elle n’a pas encore trouvé son fruit. C’est sa force et sa vérité. La confiance encore infime prend visages.

 

On ne peut achever l’étape du confinement  sans cette humilité de ne pas bien savoir encore  où nous allons, mais dans la confiance d’avec qui nous allons. La confiance prend visages au pluriel de ce mot. Ils nous ont quittés et sont nôtres à la fois. Chers disparus que nous n’avons pu étreindre, mais que le Seigneur a accueillis « dans son étreinte », comme disait Grégoire de Nazianze ; Visages guéris qui revenez d’une si lointaine bataille et dont  le sourire vainc progressivement les cernes ; multitude qui ne sait comment elle sera testée… humanité unie dans une mystérieuse destinée.

 

Par cette lettre hebdomadaire, nous voulons  vous remercier de tout cœur de témoigner là où vous vivez,  des initiatives, des informations  et des intentions provenant  de nos diversités diocésaines.
« Je vous conjure, Ô Seigneur, d’accroître mon amour et de le perfectionner » demandait le Curé d’Ars. Que le déconfinement fasse grandir ce que le confinement a préparé.

 

A samedi.

 

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde

 

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4 mai 2020 1 04 /05 /mai /2020 13:15
AVEC KENDJI GIRAC "Ô PRENDS MON ÂME" PRENDS UNE TONALITÉ TZIGANE

Si le chanteur français d’origine gitane multiplie les ventes d’albums, il déborde tout autant de talent pour chanter son amour pour Dieu et la foi qui l’anime. Le jeune chanteur Kendji Girac, de plus en plus célèbre, témoigne d’une spontanéité solaire autant que peut l’être sa coreligionnaire Rona Hartner. Et tous deux nous font un bien fou.

 

Le chanteur Kendji Girac est décidément là où on ne l’attend pas. Dernièrement, c’est le titre bien connu des milieux catholiques et protestants « Ô prends mon âme » qu’il a chanté guitare à la main et lunettes de soleil au nez, sur un siège de voiture, nous livrant une version remarquable de profondeur.

 

Grâce à des accords de guitare un peu plus gypsy que de coutume, c’est une version très vivante et vibrante qu’il nous offre pour trouver en Dieu le guide pour supporter la suite du confinement. Il évoquait déjà sa relation à Dieu avec le titre Que Dieu me pardonne de son album Amigo sorti en 2018  et vendu à 200.000 exemplaires. Demeuré trois semaines en tête des ventes, cela lui a valu de devenir aussitôt disque de platine.

 

 

L’air de la chanson n’est autre que l’hymne de l’État d’Israël Hatikvah, dont les paroles ont été écrites par le protestant Hector Arnéra. Ce chant, souvent utilisé avant les moments de recueillement à l’église ou au moment de la communion, a surtout été popularisé par la Communauté de l’Emmanuel.

 

Ô prends mon âme, prends la Seigneur, et que Ta flamme brûle en mon cœur, que tout mon être vibre pour Toi, sois seul mon maître, ô Divin Roi.

 

Source de vie, de paix d’amour, vers Toi je crie, la nuit le jour, guide mon âme, sois mon soutien, remplis ma vie, Toi mon seul bien.

 

Il y a un an, le jeune chanteur de vingt-trois ans chantait déjà un cantique magnifique en l’honneur de Dieu : « Je viens devant mon Dieu ». Il chante, toujours accompagné de sa guitare : « Je veux lui ressembler, je désire saisir ses plans et ses projets, car je suis si faible parfois, Seigneur je ne te mérite pas. Mais je viens devant Toi, car Seigneur je veux que ma vie dépende de Toi. » S’il expose aussi simplement sa foi sur les réseaux sociaux, Kendji Girac le doit à son éducation gitane dans laquelle les valeurs sont importantes, la foi souvent présente, mais aussi à son père qui le lui a transmis. Il a d’ailleurs déclaré : « Tout vient du Papa. Je le remercierai jusqu’à la fin de ma vie. »

 

 

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3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 13:22
 
BILLET DE Mgr PODVIN : " APPELÉS PAR L'AMOUR À LE SUIVRE "
Monseigneur Bernard PODVIN est né à Villeneuve sur Lot, il avait des attaches dans notre diocèse. Il fut, par ailleurs, porte-parole de la Conférence des Évêques de France (CEF) de 2009 à 2014; il fait partie aujourd’hui du diocèse de Lille.

 

Ci-dessous le lien vers le site.

APPELĖS PAR L'AMOUR A LE SUIVRE | Diocèse de Lille

Mise en ligne 02/05/2020

 

APPELÉS PAR L’AMOUR À LE SUIVRE

 

Trois choses (parmi tant !) habitent mon cœur et ma prière, que je voudrais vous partager me marquant  fortement depuis le précédent billet :

 

1. D’abord, un documentaire diffusé sur la RTBF.

 

Pour être franc, je vins à lui en zapping. Je redoutais la nième émission sur ce fichu Covid. Qui n’éprouve en ce moment le trop plein nauséeux d’images redondantes sur le sujet ? Atterri sans conviction sur cette chaîne, je fus littéralement bouleversé par l’humanité de ce court-métrage intitulé : « Vingt-trois jours au cœur d’un hôpital ».

 

Véritable immersion dans le vécu du combat livré par malades et soignants. Une course contre la montre dans laquelle chacun s’avère indispensable à tous, et tous à chacun. Une caméra d’une présence aux battements de la vie, au souffle des émotions. Un reportage d’une pudeur étonnante recueillant le stress, les silences, les larmes, l’angoisse, l’affection, les rires. Le jour, puis la nuit, puis à nouveau le jour, puis encore la nuit. La fin de vie de celui auquel on s’était tant attaché ; la guérison de celle qui, ayant  déjà tant vaincu dans sa longue  existence, devient la véritable marraine des équipes  médicales.

 

Ces étreintes d’autant plus sincères qu’elles ne peuvent être physiques. Ces boules au ventre pour les proches. Ces gestes fous d’altruisme et de courage. Ces menus moments. Ces solidarités complices. Ces cernes sur le visage qu’un sourire combattif veut dissimuler. Cette ardeur à ne pas être vaincu. Ces grands points d’interrogation existentielle. Cette hantise de devoir choisir éthiquement qui sera « digne » d’être réanimé.  Ces révoltes contre ce qui ne devrait pas dysfonctionner quand la vie d’autrui est en péril. Ce professionnalisme médical à la fois  le plus pointu et le plus démuni. Cette course infernale ambulancière et réanimatrice. Ce rythme vertigineux afin que, cherchant on découvre enfin ;  afin qu’ayant découvert, on cherche encore. Une diffusion d’une qualité exceptionnelle.

 

Tant de fois, on peste contre la médiocrité des programmes. Là, on demeure scotché sur la chaise. Les malades et leurs soignants sont comme sortis de l’écran et entrés dans l’intimité et la prière de votre confinement. Ces événements rejoignent tant ce que le spectateur vit charnellement. Le relief de ces prises de vue est saisissant d’authenticité. Le média condense l’écriture de la grande histoire humaine au compte-goutte des perfusions.

 

Il est fréquent quand on a vu une telle splendeur, que l’on assomme autrui du devoir de le regarder impérativement  à son tour. Je n’aurai pas cette outrecuidance. Mais peut-être, oserais-je vous inviter à être veilleurs de ce qui est beau, vrai et fidèle. « Les réseaux ne sont pas toujours si sociaux que cela !  » dit notre premier ministre. Raison de plus pour discerner ce qui construit, ce qui relate, ce qui élève. En ce temps de crise, ce ne sont pas les heures boulimiques passées  sur les technologies qui édifient l’humanité. Ce sont les images d’orfèvre et les paroles qui apaisent, relient, instruisent,  conscientisent, cultivent et tirent vers le haut.

 

2. Second sujet fondamental : la journée mondiale de prière pour les vocations ce dimanche 3 mai.

 

Dans un premier mouvement d’humeur, d’aucuns penseraient peut être : « Centrons nous sur la lutte contre la pandémie. On verra les vocations juste après». Ce serait une erreur d’opposer urgent à essentiel.

 

Que doive se mobiliser l’énergie contre le Covid ne fait évidemment pas discussion ; mais ne surtout pas éluder les autres points d’attention ! Une lutte prioritaire ne veut pas dire une focalisation exclusive. On le voit déjà dans le domaine de la santé. A négliger les autres pathologies, par peur de déranger les hôpitaux ou être contaminés,  on ne ferait rien de bon pour la santé individuelle et collective. Tous les médecins le disent. L’activité économique l’atteste également. Moyennant les précautions prises, il est vital que la vie sociale et culturelle reprenne. Y compris pour préserver économiquement le système de soins.

 

Concernant les vocations, Dieu appelle évidemment de sa liberté divine d’appeler en toute circonstance de l’histoire de l’humanité. Marc, en son évangile, nous précise que Jésus appela « ceux qu’il voulait afin d’être avec lui »(Mc 3). Ce serait dénaturer le visage de Dieu et s’approprier ce qui relève de Lui de reléguer la préoccupation des vocations à plus tard, quand le ciel sera redevenu bleu côté Covid. Ce serait, disons-le, une conception paganisée du Dieu de la foi, dont on jaugerait la météorologie de l’appel au bon vouloir de nos disponibilités. Notre discernement viendrait se méprendre davantage encore : est-il une figure biblique que Dieu n’ait appelé au cœur de l’adversité, ou, du moins, laissant  l’intéressé fortement démuni  en sa capacité d’y répondre ?

 

Le cœur de la vocation réside précisément dans l’abandon à plus grand que soi. « Il n’est de vocation, authentique dit François de Sales pour laquelle Dieu n’offrirait à l’homme qui la lui demande, la capacité de réponse ». C’est bien selon le cœur de Dieu que l’homme est appelé et non à l’aune de ses calculs. Circonscrire notre regard sur les vocations au moment où nous n’aurions rien de plus urgent est une méconnaissance de qui est Dieu et qui est l’homme voué à sa ressemblance.

 

La crise du Covid met à jour, en ce moment même, des vocations au sens civil et soignant du terme. Des personnalités se révèlent dans ce combat médical hors du commun. Des étudiants maturent leur désir soignant au contact brûlant de la situation. Un professionnalisme s’affine. Une recherche s’intensifie. Hors médecine stricte, toute la vie sociale recèle une ébullition d’initiatives, de créativité, de courage des livreurs, caissiers, policiers, agriculteurs, éboueurs, aide soignants, et tant d’autres. Jamais peut-être le bénévolat n’a été appelé à un tel surcroît de vie, de sa capacité à se donner. Les ressorts du privé et du public font preuve d’une disponibilité de tout leur potentiel pour la traversée d’un vivre ensemble inédit. Bref, l’homme, actuellement mis à vive épreuve, ne peut et ne pourra se dérober à chercher au tréfonds de lui meilleur que lui.

 

Le Covid laissant exsangues ou fragilisés  des domaines entiers, c’est bien d’un appel qu’il est question à davantage de fraternité. Les vocations, au sens où l’entend la journée mondiale de prière pousseraient-elles sur un autre terreau ? Amos le prophète, n’est-il pas saisi par Dieu depuis son activité de bouvier ? Jésus ne demande-t-il pas à Lévi de le suivre tandis qu’il est à son guichet ? Les vocations spirituelles ne naissent pas hors sol.

 

Ajoutons ce qui est primordial : Dieu est épris du devenir de l’homme. Dieu est touché quand l’homme souffre. Jésus est plein de compassion pour son peuple. Il pleure Lazare. Il reçoit le pauvre. Il s’émerveille de la veuve donatrice. Il est ému que son peuple soit sans berger. Rien ne l’indiffère des joies et épreuves de l’homme. Résistant à tout messianisme temporel, il refuse qu’on renvoie la foule affamée de pain, mais il annonce un autre Pain dont jamais elle ne manquera. Dieu, et donc son Église, ne placent pas la question des vocations « sous une bulle artificielle ».  Elle est constitutive de ce qui advient de l’homme. Prier et agir pour les vocations est encore plus requis qu’à l’accoutumée si tant est qu’on s’accoutume. Le plus petit de nos frères est et sera en attente cruciale. Le peuple de Dieu a faim de la Parole et des sacrements. Prêtres, diacres, consacrés, époux, célibataires engagés, animateurs ecclésiaux n’éclosent pas hors du biotope dont les événements sont la contingence et que  Dieu jamais ne  déserte.

 

Disons le haut et fort : Dieu appelle sans tarir. Jésus demande qu’on prie le Maître d’envoyer des ouvriers. Il atteste que les champs sont blancs. Il ne diffère pas le désir d’aimer et de servir. Il n’y a surtout pas une « suspension » due à la crise qui devrait faire décroître l’ardeur à médiatiser les appels aux réponses incarnées de la sollicitude de Dieu.

 

Ajoutons ceci : toute époque façonne ses visages. De même, notre temps fera naître, par la grâce de Dieu, des visages vocationnels sans doute inédits vu que ce temps est inédit. Saurons-nous les discerner, les accueillir, les accompagner, tels les catéchumènes dans la fraîcheur native de leur foi ? Dieu appelle ! Parle Seigneur, tes serviteurs écoutent.

 

3. Lié à cette vigilance, un troisième aspect nous hante : non seulement le déconfinement, mais surtout le monde d’après.

 

Des  méthodes de déconfinement lui-même, cette chronique ne dira rien, n’ajoutant pas de propos inutiles aux subtilités techniques des langages officiels et de leurs commentaires. Il n’est pas surprenant que le processus soit complexe, empreint de hauts risques et donc, de choix cruciaux. Nous n’avons pas été confinés sans motif dès lors que soixante mille vies ont, dit-on, été épargnées par ce retrait confiné en nos habitacles. Il est prévisible que revenir à une vie sociale génère tout à la fois notre impatience et notre crainte.

 

La question est-elle de se demander quel terrien nous sommes devenus ? Médecins, économistes, sociologues, élus et psychiatres excellent sur les plateaux de télévision pour parler de ce « nouvel homme ». On regrettera que le spirituel ait si peu la parole alors qu’il aurait tant à dire, pour affirmer notamment  que nous parlons trop et ferions mieux de moins spéculer !  La place du spirituel n’est vraiment pas mature. Trop souvent réduite  à quelques phraseurs décrivant des techniques de méditation comme coach de ce qu’ils osent appeler la vie intérieure. Qui dira la faim réelle de l’homme aujourd’hui ? Qui dira l’irremplaçable présence des pastorales discrètes et agissantes en ces temps douloureux : accueil, soutien téléphonique, fraternité caritative, célébrations  du deuil, bénédictions, dialogues, préparation aux sacrements. Merci à vous prêtres, diacres, consacrés et laïcs, acteurs dans l’ombre de cette compassion.

 

Le monde d’après est-il vraiment monde d’après ? Oui à l’évidence vu tout ce qui est à recomposer. Mais pas de n’importe quelle manière. Qui entendra ce qui mute aux profondeurs de l’homme ? Qui aura l’humilité de dire tout ce que nous ne savons pas encore ? Teilhard de Chardin disait : « Il n’est pas essentiel que nous comprenions absolument, distinctement notre vie pour qu’elle soit belle et réussie ».

 

Ne point tout comprendre certes, mais une vie belle, après Covid, épousera quels traits ? Comment pourra-t-elle être belle pour les gens blessés et meurtris ? Quels traits prendra notre devenir sinon ceux que nous en déciderons d’une commune fraternité ? Le monde d’après ne devra donc pas oublier tout ce qui dans le monde d’avant n’était pas broutille, mais déterminant. Le monde d’après ne devra pas être surpris si dans l’épreuve, comme disait Louis Barthas « la même souffrance rapproche les cœurs et fait naître la sympathie entre gens indifférents ». Mais si après l’orage, comme le pense Jules Isaac, « A peu de choses près l’humanité d’après sera sans doute ce qu’elle était avant ».  Il écrivait cela au sujet de 1918.

 

Ainsi sommes-nous, à la fois fins et piètres connaisseurs de nous-mêmes. Kipling avait raison de dire qu’on « ne paie jamais trop cher le privilège d’être son propre maître ». L’homme d’après ne pourra dire que le « tout est lié » du Pape François était une vue de l’esprit. L’homme d’après sera pétri de la pâte dont il émane, mais il ne bonifiera que si un levain le convertit. Il nous incombe d’accomplir notre devoir d’Etat en disciples du Christ. Accompagner ces jours préparatoires à la reprise dans la prière et la fraternité. Voir près et voir loin. Près, quand un frère demande ce qui ne saurait attendre. Loin, pour que se discernent en profondeur les attentes nouvelles.

 

                                                                  A samedi.

 

                                                                  Mgr Bernard Podvin
                                                                  Missionnaire de la Miséricorde.

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2 mai 2020 6 02 /05 /mai /2020 07:29

 

 

Du 1er au 9 Mai, osons encore prier en Église pour que l'humanité tout entière

soit libérée de la pandémie du covid-19.

 

Canevas pour la neuvaine du 1er au 09 Mai 2020

« Que l’humanité tout entière soit libérée de la pandémie du  Covid-19 »

 

  1. Signe de croix + Pater noster
  2. Je confesse à Dieu
  3. Intention générale
  1. Souvenez-vous, Vierge Marie...

Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance, réclamé votre secours, ait été abandonné.
Animé d'une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.
O Mère du Verbe, ne méprisez pas mes prières, mais accueillez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen.

  1. Méditation des mystères  du jour (chapelet)
  1. Litanie à la Vierge Marie
    Seigneur, Prends pitié (bis)
    Ô Christ, Prends pitié (bis)
    Seigneur, Prends pitié (bis)
    Jésus-Christ, Écoute-nous (bis)
    Jésus-Christ, Exauce-nous (bis)

    Père du Ciel, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
    Fils Rédempteur du monde, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
    Saint-Esprit, Seigneur Dieu, Prends pitié de nous
    Sainte Trinité un seul Dieu, Prends pitié de nous

    Sainte Marie, Priez pour nous
    Sainte Mère de Dieu, Priez pour nous
    Sainte Vierge des vierges, Priez pour nous
    Mère de Jésus, Priez pour nous
    Mère du Christ, Priez pour nous
    Mère du Sauveur, Priez pour nous
    Mère du Seigneur, Priez pour nous
    Mère conçue sans le péché originel, Priez pour nous
    Mère très pure, Priez pour nous
    Mère très chaste, Priez pour nous
    Mère sans tache, Priez pour nous
    Mère toujours Vierge, Priez pour nous
    Mère digne d’amour, Priez pour nous
    Mère admirable, Priez pour nous
    Mère du Bon Conseil, Priez pour nous
    Mère du Bel Amour, Priez pour nous
    Mère de Miséricorde, Priez pour nous
    Mère de l’Espérance, Priez pour nous
    Mère de l’Église, Priez pour nous
    Mère de tous les hommes, Priez pour nous
    Mère bénie entre les mères, Priez pour nous
    Vierge comblée de grâces, Priez pour nous
    Vierge très sainte, Priez pour nous
    Vierge très humble, Priez pour nous
    Vierge très pauvre, Priez pour nous
    Vierge très croyante, Priez pour nous
    Vierge très obéissante, Priez pour nous
    Vierge très priante, Priez pour nous
    Vierge très prudente, Priez pour nous
    Vierge très fidèle, Priez pour nous
    Vierge souffrante, Priez pour nous
    Vierge digne de vénération, Priez pour nous
    Vierge digne de louange, Priez pour nous
    Vierge exultante, Priez pour nous
    Vierge puissante, Priez pour nous
    Vierge pleine de bonté, Priez pour nous
    Vierge bénie entre les vierges, Priez pour nous
    Ève nouvelle, Priez pour nous
    Fille de Sion, Priez pour nous
    Héritière de la Promesse, Priez pour nous
    Servante du Seigneur, Priez pour nous
    Cité de Dieu, Priez pour nous
    Demeure de la Sagesse, Priez pour nous
    Miroir de la Sainteté divine, Priez pour nous
    Cause de notre joie, Priez pour nous
    Temple du Saint-Esprit, Priez pour nous
    Demeure comblée de gloire, Priez pour nous
    Demeure toute consacrée à Dieu, Priez pour nous
    Rose mystique, Priez pour nous
    Tour de David, Priez pour nous
    Tour d’ivoire, Priez pour nous
    Maison d’or, Priez pour nous
    Arche de la nouvelle Alliance, Priez pour nous
    Porte du Ciel, Priez pour nous
    Étoile du matin, Priez pour nous
    Splendeur du monde, Priez pour nous
    Femme bénie entre les femmes, Priez pour nous
    Médiatrice de grâces, Priez pour nous
    Soutien des consacrés, Priez pour nous
    Modèle des épouses, Priez pour nous
    Santé des malades, Priez pour nous
    Refuge des pécheurs, Priez pour nous
    Consolatrice des malheureux, Priez pour nous
    Avocate des opprimés, Priez pour nous
    Secours des chrétiens, Priez pour nous
    Notre Dame du Perpétuel secours, Priez pour nous
    Notre Dame des sept douleurs, Priez pour nous
    Notre Dame de Lourdes, Priez pour nous
    Notre Dame du mont Carmel, Priez pour nous
    Notre Dame du Rosaire, Priez pour nous
    Notre Dame du Sacré-Cœur, Priez pour nous
    Notre Dame de la Divine Providence, Priez pour nous
    Reine élevée au Ciel, Priez pour nous
    Reine des anges, Priez pour nous
    Reine des archanges, Priez pour nous
    Reine des Patriarches, Priez pour nous
    Reine des Prophètes, Priez pour nous
    Reine des Apôtres, Priez pour nous
    Reine des Martyrs, Priez pour nous
    Reine des confesseurs, Priez pour nous
    Reine des Pasteurs, Priez pour nous
    Reine des missionnaires, Priez pour nous
    Reine des docteurs, Priez pour nous
    Reine des Vierges, Priez pour nous
    Reine des consacrés, Priez pour nous
    Reine des fidèles, Priez pour nous
    Reine des pauvres, Priez pour nous
    Reine de tous les saints, Priez pour nous
    Reine du monde à venir, Priez pour nous
    Reine de la Paix et de la Réconciliation, Priez pour nous
    Reine de la famille, Priez pour nous
    Reine des Missions, Priez pour nous

    Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Épargne-nous, Seigneur
    Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Exauce-nous Seigneur
    Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde, Prends pitié de nous Seigneur

    V. Priez pour nous Sainte Mère de Dieu,
    R/. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

    Prions :
    Seigneur, daignez nous accorder, à nous vos serviteurs, de jouir toujours de la santé de l’âme et du corps ; et par la glorieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours vierge, délivrez-nous des tristesses de la vie présente, et donnez-nous d’avoir part aux joies éternelles. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.
    Amen !
  1. Prière à Saint Joseph

Je vous salue, Joseph,

Vous que la grâce divine a comblé.

Le sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux.

Vous êtes béni entre tous les hommes,

et Jésus, l’enfant divin de votre virginale épouse, est béni.

Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu,

 priez pour nous, dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours,

et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. 

Amen.

 

  1. Pater noster
  2. Oraison

Dieu tout-puissant, par la maternité virginale de la bienheureuse Marie, tu as offert au genre humain les trésors du salut éternel, accorde-nous en ces temps difficiles surplombés par le Covid-19 de sentir qu’intervient en notre faveur celle qui nous présente d’accueillir l’auteur de la vie.

Dieu, Créateur de l’univers, tu veux que l’homme par son travail, te rende gloire en continuant ton œuvre ; permets en ta bonté, qu’à l’exemple de Saint Joseph et vous sa protection, tous ceux qui, engagés au combat pour la protection de la vie et pour l’éradication du Covid-19  accomplissent leurs tâches dans un esprit de gratitude et de service afin de recevoir la joie promise au bon serviteur par Jésus Christ notre Seigneur et Sauveur. Amen

  1. Signe de croix

 

Retrouvez la neuvaine au format pdf ici

 

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1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 14:29
Fred de Noyelle | GoDong

Fred de Noyelle | GoDong

       Si comme de nombreuses personnes dont l’emploi est menacé par la pandémie, si vous redoutez de ne pas retrouver du travail après le déconfinement, priez saint Joseph Artisan, fêté ce 1er mai. 

 

        Comme chaque année, le mois de mai s’ouvre par la « fête du travail ». Mais cette année, cette fête sera terne pour de nombreuses personnes qui ont perdu leur emploi à cause de la crise causée par le covid-19. Elles pourront toutefois se confier à saint Joseph Artisan, à qui le pape Pie XII a voulu consacrer le 1er mai dès 1955. À tous ceux qui travaillent ou sont à la recherche d’emploi, le pape a offert, comme modèle et comme protecteur, celui dont la vie a consisté essentiellement à accomplir humblement, silencieusement et probablement joyeusement, son travail de charpentier et de père de famille.

 

       Voici une prière à saint Joseph, composée par père Yannik Bonnet (1933-2018). Elle sera très utile pour ceux qui cherchent du travail ou qui ont peur pour leur avenir professionnel après le déconfinement :

 

Glorieux Saint-Joseph,

 

ta mission de gardien du Rédempteur

et de protecteur de la Vierge Marie

a fait de toi le responsable de la Sainte Famille

et l’intendant de sa vie économique.

 

Par trois fois,

à Bethléem, en Egypte et lors de ton retour en Galilée,

tu as été contraint de rechercher de nouveaux chantiers

pour ton artisanat de menuisier charpentier.

 

Saint-Joseph,

tu as toujours gardé confiance en la Providence

et demandé son aide.

 

Aujourd’hui je suis moi-même en recherche de travail,

salarié ou indépendant, et je fais appel à toi,

puissant intercesseur, pour que tu sois mon avocat auprès de ton Fils,

avec le concours de ton épouse,

pour m’aider à retrouver les moyens de vivre par mon labeur.

 

Apprends-moi à être actif dans mes recherches,

ouvert aux opportunités, clair dans mes relations,

mesuré dans mes demandes

et résolu à remplir toutes mes obligations.

 

Saint-Joseph de Bon Espoir,

prie pour moi, protège moi,

guide moi et garde moi dans l’espérance. Amen

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30 avril 2020 4 30 /04 /avril /2020 12:51
BILLET DE Mgr PODVIN : " MÊME SI TU NE SAIS PAS TOUT DIRE  ... "
Monseigneur Bernard PODVIN est né à Villeneuve sur Lot, il avait des attaches dans notre diocèse. Il fut, par ailleurs, porte-parole de la Conférence des Évêques de France (CEF) de 2009 à 2014; il fait partie aujourd’hui du diocèse de Lille.

 

Ci-dessous le lien vers le site.

Mise en ligne 25/04/2020
MÊME SI TU NE SAIS PAS TOUT DIRE…

 

      « Il est défendu de parler breton et de cracher à terre ; de mouiller ses doigts dans sa bouche pour tourner les pages des livres et des cahiers ; d’introduire dans son oreille le bout d’un porte-plume ou d’un crayon ; d’essuyer les ardoises en y crachant dessus ou en y portant directement la langue… ». Sourire, nostalgie, effroi et humilité, se mêlent en nous à la lecture de cette antique litanie des prescriptions aux élèves des écoles. Jules Ferry venait d’instituer l’enseignement gratuit.

     Pasteur d’appréhender ce qu’est « un microbe ». La rougeole foudroyante et la fièvre scarlatine hantaient les cours de récréation et les rues des villes et villages. Plus d’un siècle après, avec quel regard considérons nous ces pages d’histoire ? Dans un siècle, que diront les gens de nos points-presse quotidiens, de nos mesures barrières, de nos distanciations sociales ? Toute rétrovision rend humbles. Elle nourrit un humour sur soi décapant et une vigilance renouvelée.

 

     Tandis que petits et grands s’impatientent d’être enfin « déconfinés », osons quelques conseils n’ayant aucune prétention à s’ériger en directives nationales, mais ayant peut-être faculté à éclairer les esprits et stimuler les ardeurs :

 

  1- Cessons de geindre sur le temps qui n’est plus.
Saint Augustin insiste : « On rencontre des gens qui récriminent sur leur époque et pour qui celle de nos parents était le bon temps. Si l’on pouvait les ramener à l’époque de leurs parents, est-ce qu’ils ne récrimineraient pas aussi ? Le passé dont tu crois que c’était le bon temps n’est bon que parce qu’il n’est pas le tien ». Et Augustin d’ajouter pour qui est disciple de Jésus : « Maintenant que tu as cru au Fils de Dieu, maintenant que tu as abordé ou lu la Sainte Écriture, je m’étonne de ce que tu t’imagines qu’Adam a connu le bon temps. » Le réel ne se fuit pas dans une vaine idéalisation d’hier ou de demain. Le réel s’incarne, s’assume et se projette. Il se vit, le moins mal possible,  avec l’énergie des facultés humaines et le don de la foi.

 

2- Laissons cohabiter en nous le prophète et le sage.
Il est sain que, selon les quarts d’heure et les sollicitations concrètes, se révèlent en nos cœurs le désir transformateur et le réalisme lucide. Il est légitime que nous alternions entre les idéalisations mobilisatrices et le sentiment désabusé. Le rêve et l’impatience, la rage et le coup de blues sont tellement humains. Sans improviser ici une psychanalyse digne de « brèves de comptoir », il est compréhensible que le confinement génère le chaud et le froid, l’exaltation de partir vers des grands espaces et la crainte ridicule de croiser d’autres terriens dans le métro.
L’épreuve du Covid est loin d’être achevée. Très loin. Elle dénude de tout maquillage notre perception de soi ou d’autrui. Elle ravive la meilleure  comme la plus sordide intention. Un combat intérieur entre ce qui doit être et le possible ne peut qu’alterner en nos psychismes et notre vie spirituelle. Gaston Piétri écrit : « Dans l’Écriture, il y a le prophète et le sage. Le croyant est à la fois l’un et l’autre. Croire au pouvoir de modifier le réel. Savoir aussi en discerner les rudes contours ! Le véritable amour ne peut être pure généralisation de ce qui est personnellement ressenti.  »
Ne soyons donc pas surpris si l’actualité collective, et l’actualité plus prosaïque de notre cellule familiale ou communautaire, nous font tanguer fortement; passer de déception à allégresse, de projets à renonciation. L’essentiel est et, sera, de chercher en soi et en autrui, le centre de gravité qui nous anime. Qu’est ce qui fonde l’amour de notre couple ? Qu’est ce qui nous réjouit entre parents et enfants ? En quelle ancre se fonde l’amitié ? Qu’est la valeur du travail bien fait ? En quoi consiste le devoir d’État ? Que sont pour soi et pour nos frères les dons de la foi, de l’espérance et de la charité?

 

3- En ces temps où tout est remis en question, gardons-nous de décisions hâtives et émotionnelles.
Ne brisons pas une relation sans lui redonner sa chance. Ne faisons rien d’irréversible. Mesurons ce qui est relatif et ce qui est grave. Regardons le contexte de notre proximité comme de la planète : innombrables seront les personnes affectées par les secousses. Sanitaires pour les unes. Économiques pour d’autres. Affectives ici, morales là. En cet immeuble, on pleurera un proche emporté par le Covid. En cette maison, on aura perdu son emploi. Cette persienne ne dévoilera plus l’étalage. Ici, on ne se relèvera pas. Là, on ne repartira qu’au ralenti. Le chant des oiseaux redevenu audible par notre moindre carbone, le cri des enfants bientôt perceptible dans les écoles, la fidélité courageuse de ceux qui ont tenu pour notre vie dans le confinement, doivent être référence pour notre agir ! Notre boussole aimante est là dans une prédilection pour ce qui ce qui est fragile et aspire à aimer.
La crise est rude. Saint Paul nous invite à surtout recueillir le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, bonté, patience, bienveillance maîtrise de soi, douceur. (Galates 5,22). En temps de tempête et d’incertitude, tout spirituel passé par le crible de l’épreuve te dira : ne décide rien précipitamment qui soit déterminant, sans vérifier ce fruit en toi ! Tu ne fonderas rien de bon si tu ne cherches ce fruit tangible en ce que tu projettes de faire. Soyons responsables à ce degré de profondeur.

 

4- Ne rêvons pas un « après Covid » qui ne jaillisse de nous-mêmes.
Elles sont agaçantes ces affirmations : « Plus rien ne sera comme avant ». La nature humaine ne changera pas du tout au tout. Le monde d’après se construit avec les humains du monde d’avant. Le monde d’après se tisse en ce moment même.
Le plus à craindre, comme le dit très justement l’économiste Daniel Cohen, serait que la numérisation des relations supplante la relation directe. Se réjouir du potentiel inouï que génère le numérique pour briser les solitudes actuelles ne doit pas laisser ce numérique devenir le régent absolu et ultime de notre vivre ensemble. Nous sommes de chair et de sang ! Nous aspirons à nous embrasser. À célébrer en assemblée. À être convives. À applaudir, vibrer à l’unisson. Gardons la main ! Que ce qui doit être fait par la technologie le soit. Mais que ce ne soit pas au prix de notre incarnation la plus relationnelle. Ne devenons pas esclaves de ce que l’outil permet prodigieusement. Soyons encore à l’initiative d’user de lui.

 

5- Sachons nous indigner. Sachons nous émerveiller.
Soyons des humains, serviteurs de Celui que François de Sales nomme le « Dieu du cœur humain ». Dans la même journée, n’acceptons pas que se déroulent des faits injustes et inacceptables, et vibrons de joie et d’encouragement en faveur du bien, du beau, du grand, de l’édifiant. Aidons les peurs à se transcender, apaisons les violences, valorisons le juste et le fécond.
Décourager, par exemple, une soignante d’habiter son immeuble par crainte de contamination est aussi dérisoire qu’abject. S’ingénier à trouver des solidarités nouvelles pour mal-voyants et mal-entendants en contexte inédit est en revanche hautement louable. Honte à celui qui croit exploiter la peur ou le malheur d’autrui. Bénie soit la violoniste qui monte sur la terrasse d’un hôpital pour encourager malades et soignants ! Merci à toi fidèle à ta tâche vitale. Aujourd’hui, on te loue parce que la rareté et la peur nous font dépendre de toi. Puisse une reconnaissance envers toi être effective et durable demain. Pestons contre l’Europe quand elle piétine sur l’essentiel. Encourageons-la quand elle accélère la recherche vaccinale. Ne soyons pas naïfs d’une communauté internationale hélas encore trop embryonnaire. Mais n’oublions jamais que nous n’avons pas de planète de rechange.

 

6- Engrangeons ce que nous enseigne cette période inédite.
Recueillons fidèlement comme Marie, dans l’évangile, à la fois les évènements et leur lumière intérieure. Le curé de La Madeleine tient, par exemple, un remarquable journal du confinement. On y lit la plus fidèle relation qui soit au vécu, et la plus empreinte de ce que Vatican II appelle la charité pastorale. Notons, chers amis, notons comme dit Emmanuel Mounier en quoi l’événement est notre « maître intérieur ».
Ces semaines décisives sont à la fois désarmantes et riches. Les vivre ne nous rend pas indemnes. En relater le déroulé et la leçon ne peut que forger notre être vers davantage de clairvoyance et de fraternité. Chacun a sa façon de faire : écriture, musique, peinture, photo, tournage… Que tout ceci soit partagé dans nos conversations « au coin du feu ». Que tout ceci se papote au quotidien et tisse la grande histoire des hommes. Oui, engrangeons ce que nous révèle ce moment !
Et même quand nous ne savons qu’en dire souvenons-nous comme Édith Stein : « N’essaye pas de mesurer ce que tu comprends à la manière dont tu sais le dire. Ce que tu as compris te pénètre agissant en toi, rayonnant de toi, même s’il t’est impossible de l’exprimer ».

 

      Éboueur à qui je viens de sourire à la levée de ce jour, aide-soignant qui me disait hier au téléphone ta joie d’aimer, jeune qui m’écrit ta recherche vocationnelle, relation enfouie que le confinement vient de raviver à la mémoire, tant de choses rayonnent de vous et qu’il est impossible d’exprimer !

 

       C’est le temps pascal ! Le Ressuscité montre ses plaies à Thomas. « Avance ta main. Mets-la dans mon côté » (Jean 20). L’amour a vaincu la mort. Mais l’amour ne dédaigne pas montrer ses blessures à ce qui doit encore être vaincu en nous. « Cesse d’être incrédule. Deviens croyant ».

 

      Votre fidélité au rendez-vous hebdomadaire de cette newsletter nous fait chaud au cœur. Merci de relayer ces contenus tissés de nouvelles, de projets, de communion fraternelle et d’espérance pascale. Merci d’apporter à l’équipe de communication ce qui peut être relaté. La lutte contre le Covid est âpre. Un amour blessé se bat en nous afin que l’homme vive !

 

                                                                                       À samedi.

 

                                                                               Mgr Bernard Podvin
                                                                                    Missionnaire de la Miséricorde

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 13:52
MOIS DE MAI : LE PAPE INVITE À PRIER LE ROSAIRE, EN DONNANT SON « SECRET »  - LES DEUX PRIÈRES MARIALES DU PAPE FRANÇOIS

Une lettre et deux prières pour les fidèles du monde entier

 

avril 25, 2020 12:48 - Rédaction - Pape François 

 

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
à tous les fidèles pour le mois de Mai 2020

 

 

Chers frères et sœurs,

 

Le mois de mai est désormais tout proche, mois où le peuple de Dieu exprime avec une particulière intensité son amour et sa dévotion pour la Vierge Marie. Il est de tradition, en ce mois, de prier le Rosaire à la maison, en famille. Une dimension, la dimension domestique, que les restrictions de la pandémie nous ont “contraints” à valoriser, également du point de vue spirituel.

 

J’ai donc pensé proposer à tous de redécouvrir la beauté de prier le Rosaire à la maison pendant le mois de mai. On peut le faire ensemble ou personnellement; c’est à vous de choisir selon les situations, en évaluant les deux possibilités. Mais, de toute manière, il y a un secret pour le faire: la simplicité; et il est facile de trouver, aussi sur internet, de bons modèles de prières à suivre.

 

De plus, je vous offre les textes de deux prières à la Vierge que vous pourrez réciter à la fin du Rosaire, et que je réciterai moi-même pendant le mois de mai, uni à vous spirituellement. Je les joins à cette lettre de sorte qu’elles soient mises à la disposition de tous.

 

Chers frères et sœurs, contempler ensemble le visage du Christ avec le cœur de Marie, notre Mère, nous rendra encore plus unis comme famille spirituelle et nous aidera à surmonter cette épreuve. Je prierai pour vous, spécialement pour ceux qui souffrent le plus, et vous, s’il vous plait, priez pour moi. Je vous remercie et vous bénis de tout cœur.

 

                                             Rome, Saint Jean de Latran, 25 avril 2020
                                             Fête de Saint Marc Évangéliste

 

                                             FRANÇOIS

 

 

 

Prière 1

 

O Marie,
tu resplendis toujours sur notre chemin
comme signe de salut et d’espérance.
Nous nous confions à toi, Santé des malades,
qui, auprès de la croix, as été associée à la douleur de Jésus, en maintenant ta foi ferme.

 

Toi, Salut du peuple romain,
tu sais de quoi nous avons besoin
et nous sommes certains que tu veilleras afin que, comme à Cana de Galilée, puissent revenir la joie et la fête
après ce moment d’épreuve.

 

Aide-nous, Mère du Divin Amour,
à nous conformer à la volonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus,
qui a pris sur lui nos souffrances
et s’est chargé de nos douleurs
pour nous conduire, à travers la croix, à la joie de la résurrection. Amen.

 

Sous Ta protection nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu. N’ignore pas nos supplications, nous qui sommes dans l’épreuve, et libère-nous de tout danger, O Vierge glorieuse et bénie.

 

 

Prière 2 

 

« Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. »

 

Dans la présente situation dramatique, chargée de souffrances et d’angoisses qui frappent le monde entier, nous recourons à Toi, Mère de Dieu et notre Mère, et nous cherchons refuge sous ta protection.

 

O Vierge Marie, tourne vers nous tes yeux miséricordieux dans cette pandémie du coronavirus, et réconforte ceux qui sont perdus et qui pleurent leurs proches qui sont morts, enterrés parfois d’une manière qui blesse l’âme. Soutiens ceux qui sont angoissés pour les personnes malades auprès desquelles, pour empêcher la contagion, ils ne peuvent être proches. Suscite la confiance en celui qui est inquiet pour l’avenir incertain et pour les conséquences sur l’économie et sur le travail.

 

Mère de Dieu et notre Mère, implore pour nous de Dieu, Père de miséricorde, que cette dure épreuve finisse et que revienne un horizon d’espérance et de paix. Comme à Cana, interviens auprès de ton Divin Fils, en lui demandant de réconforter les familles des malades et des victimes, et d’ouvrir leur cœur à la confiance.

 

Protège les médecins, les infirmiers et les infirmières, le personnel sanitaire, les volontaires qui, en cette période d’urgence, sont en première ligne et risquent leur vie pour sauver d’autres vies. Accompagne leur fatigue héroïque et donne-leur force, bonté et santé.

 

Sois aux côtés de ceux qui, nuit et jour, assistent les malades ainsi que des prêtres qui, avec sollicitude pastorale et engagement évangélique, cherchent à aider et à soutenir chacun.

 

Vierge Sainte, éclaire l’esprit des hommes et des femmes de science, pour qu’ils trouvent de justes solutions pour vaincre ce virus.

 

Assiste les Responsables des Nations, pour qu’ils œuvrent avec sagesse, sollicitude et générosité, en secourant ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, en programmant des solutions sociales et économiques avec clairvoyance et avec esprit de solidarité.

 

Marie très Sainte, touche les consciences pour que les sommes considérables utilisées pour accroître et perfectionner les armements soient au contraire destinées à promouvoir des études adéquates pour prévenir de semblables catastrophes dans l’avenir.

 

Mère très aimée, fais grandir dans le monde le sens d’appartenance à une seule grande famille, dans la conscience du lien qui nous unit tous, pour que nous venions en aide aux nombreuses pauvretés et situations de misère avec un esprit fraternel et solidaire. Encourage la fermeté dans la foi, la persévérance dans le service, la constance dans la prière.

 

O Marie, Consolatrice des affligés, embrasse tous tes enfants dans la tribulation et obtiens que Dieu intervienne de sa main toute puissante pour nous libérer de cette terrible épidémie, afin que la vie puisse reprendre dans la sérénité son cours normal.

 

Nous nous confions à Toi, toi qui resplendis sur notre chemin comme signe de salut et d’espérance, o clémente, o miséricordieuse, o douce Vierge Marie. Amen.

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 13:35
Ce chant nous transporte dans la prière en ces moments si difficiles ;
C'est un beau message d'espoir.
Merci pour ces belles paroles et cette belle musique !
 
Vienne Ta Grâce

Glorious

 
Viens nous abreuver de lumière, de bienveillance et de clarté
Ta miséricorde éternelle vient dans nos cœurs tout relever
Et tomberont toutes nos lois quand viendra la gloire des cieux
Et je répondrai dans la Foi, Tu es mon Seigneur et mon Dieu
 
Vienne Ta Grâce en nos misères
Et dans la grandeur de Ton nom
Viens déposer sur notre terre
La douceur de Ta guérison
Vienne l’Esprit qui nous libère
Et dans la beauté de Ton nom
Naît dans le cœur de notre Père
L’amour infini du pardon
 
Quand Ta Parole est prononcée la mort est vaincue par la Vie
Et dans tous nos cœurs délaissés se manifeste Ton Esprit
Que vienne en nos vies le réveil que Ton amour a désiré
Dans la Foi je ne tremble pas car Jésus ma vertu c’est Toi
 
 
 
Vienne Ta Grâce en nos misères
Et dans la grandeur de Ton nom
Viens déposer sur notre terre
La douceur de Ta guérison
Vienne l’Esprit qui nous libère
Et dans la beauté de Ton nom
Naît dans le cœur de notre Père
L’amour infini du pardon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour nous le verbe s’est fait chair parmi nous Il a demeuré
Il vit en nous et nous éclaire Sa grâce en nous s’est déversée
Nos yeux verront ce que ton cœur à chacun de nous veut donner
Que par l’Esprit de notre Père en nous Jésus vienne habiter
 
 
 
 
Vienne Ta Grâce en nos misères
Et dans la grandeur de Ton nom
Viens déposer sur notre terre
La douceur de Ta guérison
Vienne l’Esprit qui nous libère
Et dans la beauté de Ton nom
Naît dans le cœur de notre Père
L’amour infini du pardon
 
 
 
 
 
 
 
 
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