Le portrait du mois

Père PAUL COUTURIER (1881‑1953)

     Meurtri par les séparations des Églises chrétiennes, hanté par ce scandale qui est un refus de la prière du Christ  «Qu'ils soient uns», Paul Couturier choisit ce que l'on appelle «l’œcuménisme spirituel». Le propre de son action fut d'associer durablement les chrétiens du monde entier dans une démarche de prière commune en faveur de leur unité. Tandis que les théologiens et les responsables &Église dialoguent, il veut que monte sans cesse la prière pour l'unité des Églises. Paul Couturier naît à Lyon le 29 juillet 1881. Prêtre, il est missionné pour venir en aide aux réfugiés politiques qui fuient la Russie après la révolution de 1917. 11 découvre à leur contact le christianisme orthodoxe et se sent appelé à vivre l'unité chrétienne.    

     En 1933, il organise trois journées de prière pour l'unité, à Lyon. En 1935, il reprend dans un esprit renouvelé la pratique de l'octave de prières, déjà en vigueur dans l'Église catholique depuis le début du siècle. Mais, au lieu de limiter ces prières à la demande du retour des chrétiens séparés de Rome, il propose, avec le soutien de son archevêque le cardinal Gerlier, de prier en commun «pour l'unité que le Christ veut, par tous les moyens qu'il voudra». Des lors, la «semaine universelle pour l'unité des chrétiens», qui avait été initiée en 1908, connaît un essor extraordinaire dans toutes les Églises chrétiennes. En 1937, il fonde avec Laurent Remilleux le Groupe des bombes. Tous deux sont convaincus de l'urgence de l’œcuménisme et veulent sortir de l'impasse que représente l'unionisme». Ils veulent allier les deux impératifs de la prière et de la théologie au lieu de se concentrer sur un seul de ces aspects. Ce choix présente un avantage : il permet de chercher des fondements d'une spiritualité de convergence, sans que les différences ne soient niées ou effacées. Lors de la seconde guerre mondiale il est arrêté par la Gestapo le 11 avril 1944, sans doute à cause de ses relations avec les anglicans. Interné au fort Montluc, il est mis sous la surveillance de la Wehrmacht. En 1952, le titre d'archimandrite du patriarcat d'Antioche lui est attribué en signe de reconnaissance pour son engagement ecclésial. II meurt le 24 mars 1953 à Lyon.

« On va de l'amour à la vérité. Essayer de faire l'inverse, c'est vouloir planter un arbre a l'envers. On cueillela vérité sur l'arbre de la charité.

La véritable solution du remembrement de la chrétienté est dans la lente maturation, sous le souffle et lachaleur de l'Esprit, de tous les groupes chrétiens, y compris l'Église romaine. »

Paul Couturier